Lors de la 48e cérémonie des Césars, vendredi 24 février, Nina, 24 ans, jeune activiste climatique du collectif Dernière Rénovation, s’est introduite sur scène. Elle se tenait debout, calmement, arborant un tee-shirt où était inscrit « We have 761 days left » [« il nous reste 761 jours »]. En quelques secondes, l’antenne a été coupée et des agents de sécurité l’ont saisie et portée hors de la salle. A priori, peu de téléspectateurs et encore moins Ahmed Sylla et Léa Drucker, qui animaient la séquence et n’ont pas été informés de la coupure, n’ont compris de quoi il s’agissait. L’inscription faisait référence au dernier rapport du GIEC dans lequel les scientifiques nous mettent en garde : pour rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement planétaire, l’humanité dispose encore de 761 jours.
En bref, les émissions mondiales augmentent en continu depuis des décennies (hormis une petite pause liée au Covid-19) et si elles n’ont pas commencé à décroître d’ici là, nous franchirons ce seuil fatidique avec des conséquences irréversibles. Ce qui ne veut pas dire que la bataille sera perdue (chaque fraction de degré compte), mais cela nous engagera sur un chemin très périlleux. Pour le moment, nous nous acheminons vers une augmentation de la température globale d’environ 3 °C d’ici à la fin du siècle. Et l’Etat français élabore déjà des plans d’adaptation à + 4 °C.
Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas ici de chiffres ou de concepts, mais de vies humaines, de notre avenir commun. C’est pour cette raison que Nina et d’autres activistes cherchent sans relâche à nous alerter pacifiquement.
A + 3 ou + 4 °C en France, nous vivrons chaque année l’été 2022, avec ses canicules, ses sécheresses, ses méga-incendies, ses précipitations extrêmes, ses morts. En août, cent communes françaises étaient provisoirement privées d’eau potable. A + 3 ou + 4 °C sur la planète, 3,5 milliards de personnes se trouveraient sur des territoires devenus inhabitables. L’eau et la nourriture viendraient à manquer, les tensions géopolitiques pour les ressources pourraient se multiplier et les conflits armés qui vont avec. Nos économies seraient très gravement fragilisées et nos conditions de vie irrémédiablement dégradées.
Le cinéma français trop timide
Dès lors, la bataille qui est engagée est celle de l’habitabilité de notre planète. D’une certaine façon, et même s’il est absurde de hiérarchiser les souffrances et les urgences, c’est la priorité du XXIe siècle. Si le climat bascule de façon irréversible, tous les autres problèmes nous paraîtrons malheureusement dérisoires.
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